Claude de Rochefort, troisième du nom, est chevalier, seigneur de Luçay-le-Male (36), Coulange (18), la Charletière en Touraine (37). Il ne brillera pas plus que ses parents. Il convient même de souligner que la décrépitude financière de la maison de Rochefort aura atteint son summum et que tous les maux viendront de son immense orgueil et des dettes impressionnantes contractées durant sa vie et celles de son père. Dans ses mémoires, Nicolas de Brichanteau, nous offre son désespoir devant l’inextricable succession de Claude (« Mémoires du marquis de Beauvais Nangis » par L.J.N. de Monmerqué) : « Voyant que le Roi ne se servait pas de moi, je me résolus de sortir les affaires que j’avais pour la succession de feu M. de Rochefort ….. »
Claude épousera, le 16 juillet 1631, Anne de Brouilly, fille de Charles, marquis de Piennes (en Flandres) et de Magdeleine Renée de Rochefort
Anne de Brouilly a été mariée en premières noces le 16/04/1604 à Guillaume POT, chevalier, seigneur de Rhodes (commune de Mouhet 36), Saint-Amand (Auvergne) et Chemault (commune de Boiscommun 45 – Voir l’ouvrage « Boiscommun et Chemault » de Georges Cosson). Guillaume est cornette blanche du roi et Grand Maître des cérémonies de France. Il cumule aussi les charges de prévot et maitre des céremonies des ordres du roi (reçu en survivance de son père Guillaume en 1597). Sa mère est Jacqueline de La Châtre. Guillaume Pot serait décédé en 1616. A notre connaissance, il n’y eut pas d’enfant né de ce mariage, car aucun acte de tutelle n’est relevé lors du mariage d’Anne et de Claude de Rochefort.
Magdeleine Renée était la fille d’Anne de Rochefort et de Charlotte de Sautour. Anne était le fils de René de Rochefort , lui même frère de Claude de Rochefort deuxième du nom (voir l’arbre généalogique). Ainsi deux branches des Rochefort se rejoignent et les enfants de Claude III seront donc issus des branches Rochefort-Luçay et Rochefort-la Croisette/Mareuil. A notre connaissance, il ne sera pas demandé de dispense de consanguinité au mariage de Claude et d’Anne.
La première dette, dont nous connaissons le montant, est de 1646. Claude de Rochefort refusait de payer aux moines Feuillants de Selles sur Cher une rente. La chambre des requêtes rendit une sentence en leur faveur. Il devait encore, en vertu d’une procuration spéciale passée devant Regnault notaire à Luçay le 6 mars 1647, verser à la Saint Michel aux moines de Selles sur Cher 4 sétiers de blé mesure de Luçay ainsi que 200 livres d’arrérages. En 1686, Pierre Chevaux, avocat au parlement et lieutenant au baillage de Luçay, fondé de procuration par Charles Joseph de Rochefort et ses frères (tous enfants légitimes de Claude et Anne de Brouilly) reconnaissaient (39 ans se sont écoulés depuis la création de la dette) que le seigneur de Luçay devaient les sétiers aux moines. Lorsque LEGENDRE de VILLEMORIEN achètera aux Rochefort les terres et seigneurie de Luçay, il s’engagera à payer le dû aux moines. Nous ne savons pas si Legendre règla cette dette.
La deuxième dette que nous connaissons est de 1648 (ADC-E 958) : Vente par Claude de Rochefort, chevalier, baron de Luçay le Mâle et Anne de Brouilly, sa femme au profit d’Anne Forget, veuve de Charles Paris, sieur du Perche, garde des seaux au présidial de Tours, de la terre et chatellenie de Luçay et de la terre et seigneurie de la Bourdillière à Génillé en Touraine, pour 3900 livres tournois. Cette vente ne sera définitive qu‘au bout de 3 ans. Cet acte nous apprend que c’est François, père de Claude, qui avait contracté cette dette. Selon toute vraisemblance, Luçay ne fût pas vendu grace à de nouvelles dettes (mais la Bourdillière le fût), car Claude n’est plus seigneur de cette dernière terre. Cette dernière vente est faite vers 1650 à Louis PERROT et à son épouse Marie de VALENCE
La troisième dette est de 1 260 livres en 16531. Elle est due à Claude Boucher, marchand drapier et bourgeois de Paris. Cette dette laisse supposer la fourniture d’habits à Claude, achetés à crédit.
La quatrième dette est de 3 000 livres en 16342. Compte tenu du développement de cette dernière dette nous en donnons le détail au chapître consacré à François et Dominique de Rochefort, fils de Charles Joseph de Rochefort.
Il convient de remarquer que toutes ces dettes n’ont pas été contractées directement par Claude mais aussi par son père, François, Claude ne les ayant que confirmées, est dans l’incapacité de les payer. Nous concidérons que le commencement de la chute de la Maison de Rochefort date de cette période.
Le 23 octobre 1666, Claude écrit une supplique à Mgr. Montpezat de Carbon, archevèque de Bourges, dans laquelle il demande de pouvoir faire dire la messe dans la chapelle du château de Coulanges qu’il a fait restaurer (« Lury et ses environs » par E. Tausserat). Permission sera accordée, elle facilitera les relations avec la cure de Lury qui ne sont pas bonnes.
Devant la recrudescence des faux titres de noblesse, Louis XIV va promulguer un édit de « maintenu de noblesse ». Pour la partie concernant le Berry c’est le 14 août 1669 que Claude de Rochefort va décliner son « pédigré » devant l’intendant de Berry, Charles Tubeuf : « Haut et puissant seigneur Claude de Rochefort, seigneur comte de Luçay, demeurant au chastel du dit lieu, dite paroisse, a déclaré maintenir la qualité de chevalier et a signé : D.C. de Rochefort. »
(Voir « Les maintenus de noblesse du Berry » de Toulgouet-Tréana).
Cette déclaration appelle plusieurs remarques :
Alors que des familles importantes comme les La Châtre, La Trémoille, Beauvilliers, etc…, se déclarent écuyers, notre Rochefort exprime sa qualité de « chevalier ». Il y a droit, car il peut en prouver la qualité, mais son orgeuil est plus fort. Remarquons que cette qualité de chevalier n’a jamais été contestée par l’intendant du Berry ou le généalogiste « en chef » de France, d’Hozier.
Il prend le titre de « Comte de Luçay ». Il semble que Luçay le Mâle soit effectivement un comté, mais ses ancêtres ne donnent, dans les différents actes que nous connaissons, que le titre de «baron de Luçay» (souvent écrit « Lucé »). Dans un procès de 1641 contre l’abbé Aucam, curé de Lury-sur-Arnon, il prend la qualité de baron de Luçay et de Coulanges (« Lury et ses environs » de E. Tausserat). Cela montre que les titres de la famille Rochefort sont fluctuants suivant les générations, leur temps et leurs interlocuteurs.
Nous n’avons pas résolu la signification de la lettre D dans la signature (peut-être Dominique ??), la lettre C étant Claude.
Claude va fournir le 30 mai 1671, l’aveu et dénombrement des terres et château de Coulanges « … échu et advenu au dit seigneur advouant à cause de la succession de messire François de Rochefort vivant chevalier, comte de Luçay et de Coulanges, son père » (« Lury et ses environs « de E. Tausserat).
Anne de Brouilly décède le 24 mars 1651 à Luçay le Mâle. Elle mit au monde douze enfants, dont sept vivrons, que nous donnons plus loin.
Claude va se remarier le 22 novembre 1660 à St. Cyran du Jambot (36) avec Madeleine HOTMAN, dame de Fontenay, veuve d’Hélie d’ALIGÉ mort à St.Cyran (36) en octobre 1659. Hélie était seigneur de St. Cyran et de Fontenay en partie, lieutenant d’artillerie en Champagne pour le roi. De ce deuxième mariage, il ne naitra aucun enfant.
Hélie et Madeleine, dame de Fontenay, s’étaient mariés le 3/02/1641 à Paris. Ils avaient eu un fils, François, né en 1653, qui avait donc 6 ans au décès de son père.
Evidemment, le remariage de Madeleine provoque la constitution d’une assemblée de tutelle le 30/05/1661 concernant François d’Aligé, enfant mineur3. Dans cet acte Madelaine est nommée Marie. Ce qui laisse à comprendre que les prénoms sont Marie Madeleine et que le notaire n’est pas sûr des prénoms. L’acte précise aussi qu’Hélie a laissé une dette de 2976 Livres transportée au Sieur de Montreuil (?).
Quels sont les comparants ? :
- Marie (Madelaine) HOTMAN. (Il peut aussi s’agir d’une autre Hotman, mais elle est déclarée « mère »).
- Charles de LATACAUMM (?), conseiller et secrétaire du roi en la Grande Chambre du parlement de Paris, cousin paternel.
- François DUFAURE, conseiller du roi au Parlement de Paris, cousin.
- Claude de VIRGER, chevalier, vicomte d’ASSY, cousin à cause de sa femme Marie DUFAURE.
- Marie MARCELLE, veuve de Timoléon HOTMAN, seigneur de Fontenay, conseiller du roi aux conseils d’Etat et Privé, président des Trésoriers de France, grand-mère de Madelaine.
- François de PORTAIL, seigneur de Fresneau, maître des requêtes de l’hotel du roi, maître des comptes, oncle maternel à cause de sa femme Anne Marie HOTMAN.
- Claude MARCELLE (alias MARCEL), seigneur de Bouqueval (95), conseiller du roi, Doyen du Grand Conseil ; représenté par son procureur Etienne LEGRAND, sieur de Trillac et de la Forêt.
Cette « joyeuse » assemblée :
– Élie le sieur et la dame de Luçay comme tuteurs honoraires et Nicolas FERRAND (ou FERRAUD), avocat au parlement comme conseil honoraire. Ferrand recevra 300 livres pour ses déplacements.
– Demande le paiement (à quel titre ?) de 12 776 livres de principal et interets pour Vincent HOTMAN, frère de Marie (Madeleine) HOTMAN, maitre ordinaire des requêtes, intendant de justice et police.
– Rien n’est décidé concernant la dette de 2 976 livres.
– Les Marcelle sont des descendants d’Etienne Marcel, prévôt des marchands de Paris. On trouvera l’histoire du prévôt sur le site internet « Wikipédia ».
Dans un soucis de formation à son futur métier de roi de France, le duc de Bourgogne, fils du Grand Dauphin, reçoit un document (un livre !) intitulé « Mémoires pour l’instruction du duc de Bourgogne », document établit en 1697 par le duc de Beauvillier son précepteur. Pour la partie concernant le Berry le document a été confectionné par l’intendant de Bourges, Dey de Séraucourt. Il concerne la description physique, géographique, historique, morale, économique de la généralité tenue par Dey. En particulier y est inscrite une description des familles nobles du Berry (aujourd’hui, en gros, les départements de l’Indre et du Cher). Nous devons nous rendre à l’évidence que la famille Rochefort n’y fait état d’aucune information tant patronymique qu’autre. Nous voyons dans ce fait l’état de déliquessence où se trouve nos Rochefort. Ces derniers ne sucitent aucun intêret de la part de l’intendant.
Du mariage de Claude de Rochefort et d’Anne de Brouilly naquirent :
- Charlotte Louise est née en 1634 et baptisée le 21/06/1636 à l’age de 2 ans et 8 mois. Elle fut religieuse à la Visitation de Tours.
- Samson (1635 ?-1657 ?). La Chesnay Desbois nous précise que cet individu était maître de camp d’un régiment à son nom. Nous n’avons pas trouvé les preuves de cette situation. On n’entend plus parler de Samson dans les actes de Claude et d’Anne. Nous avons tout lieu de penser que Sanson embrassa le protestantisme. Cette conversion est très mal vue par la famille qui semble avoir tiré un trait sur leurs relations familiales. Samson serait devenu pasteur de la « religion prétendue réformée » car nous retrouvons dans « Histoire de l’académie protestante de Montauban Puylaurens » de Michel Nicolas, le nom de Samson de Rochefort comme ayant fait des communications à cette académie et pasteur du village de Gardonne (24). La Bibliothèque Municipale de Montauban conserve un discour de Samson fait à Montpellier en 1650, « Satan brisé sous les pieds des fidèles… «, imprimé à Bergerac par André Boysset en 1665. Nous n’avons hélas pas eu de temps pour creuser cette piste. Sans descendance connue.
- Charles Joseph ( ?- 28/08/1686). En tant qu’ainé il continue la branche des seigneurs de Luçay. Il prend le titre de Comte de Rochefort, seigneur de Luçay le Mâle, de Talvois (Nouatre-37), de la Cour au Berruyer (Cheillé-37) et de Coulanges (18). Ce titre de comte de Rochefort est donné dans différents actes mais, à notre avis, ne correspond à rien de justifier . Il se marie avec Renée (aussi prénomée Nérée) de MESSEMÉ (du Cormier ?) à Cheillé (37) le 27/04/1677. Elle est fille de François, gouverneur de Carcassonne et de Cassandre de PIERRES (et non, PIEVRES). Les fiefs de la Cour (au Berruyer), Talvois, La Volière feront parti de la dote Messemé. Charles poursuivra la branche directe des ROCHEFORT au travers de François, seigneur de Luçay et Dominique de Rochefort, seigneur de La Cour au Berruyer, dont nous relateront les faits et gestes plus avant.
- Dominique (1641-1704) qui suit. Il est notre ancêtre direct.
- Charles Edme François Flour (ou Flore) – (1645/1712). Il est seigneur de Coulanges en partie et chevalier. Il se marie en 1689, avec Marie CHOLLET (1664-1719), fille d’Etienne, receveur des consignations de Bourges. Ils auront un fils Etienne Néré Maximilien de ROCHEFORT, sans descendance, qui épousera Marie Angélique MAUDHUIT, fille de François, président du grenier à sel d’Issoudun. Cette denière, devenue veuve, épousera en secondes noces Pierre de ROCHEFORT cousin de son mari et fils de Dominique et de Jeanne du Fresne. Nous relaterons cet épisode au chapitre de Pierre de Rochefort qui suit.
- Louise, née en 1632, religieuse à Ste. Marie de Bourges.
- Madeleine Eugénie (1644-17/05/1702). Religieuse à la Visitation de Tours.
- Les autres enfants sont Anne (2 fois), Louise, Claude, Louis, Renée, certainement morts en bas âge ou avant leur majorité et dont nous n’avons trouvé aucune information de vie. Néanmoins une Anne et Claude signent des baptèmes en l’église de Chéillé (37), commune où est située le château de la Cour au Bérruyer.
LA MAISON DE BROUILLY.
Cette maison est originaire de l’Artois. Le père d’Anne, Antoine de BROUILLY est chevalier des ordres du roi, gouverneur de Pignerol (en France), marquis de Piennes (80), seigneur de Mesvillers (80), La Villette, le Houssoy, Villier le bel (60), Assainvillers (80), Talcy (41, qui vient de sa femme Françoise Godet des Marais), Nouvion (80, au comté de Ponthieu).4.
On compte dans cette famille des abesses et des chevaliers de Malte. Mais c’est le métier des armes qui fût le plus exercé.
Alliances : d’Aumale, Mottier de Lafayette, Savary de Lancosme, de Halluin (ou Halwin), Doullé, d’Herbouville, de Vieuxpont, Harcourt, Godet des Marais, Pot, de Foix, d’Angennes.
Armes Brouilly : D’argent au lion de sinople, armé, lampassé et couronné de gueules.