9 – Claude II de Rochefort

Branche des seigneurs de Luçay le Mâle

Claude, chevalier, deuxième du nom, est l’origine de la branche bérichonne des Rochefort dont la seigneurie la plus importante était Luçay le Mâle qui lui échut lors du partage des biens de son père avec ses deux frères. Cet homme n’a pas laissé un souvenir impérissable dans les annales militaires ou civiles, mais on verra plus loin qu’il en est tout autrement pour deux de ses filles.

Il était seigneur de Luçay-le Mâle (36), Géhée ou Géé (36-et non Gié, comme indiqué par de nombreux généalogistes), Sigy (71), Suilly (58), Reveillon (Entrains, 58), le Mineray (58), Drambon (21), Beauregard (?58), Menestreau (Villiers 58), Nérondes (58) et baron de Seignelay (89) en partie. 

Château de Villiers, commune de Ménestreau (58)

Il possède des droits seigneuriaux à Montigny la Resle (89).
Il vendra Drambon en 15741 à Anne Malyon veuve de Jean de Poligny, bourgeois de Dijon2.

Le 16 juillet 1584, Claude hérite des La Magdelaine du château de Sigy et de la rivière de Guye, « dès le moulin du pont de Brionne jusqu’au moulin de la Roche… un moulin sur la rivière de Guie appelé le moulin de Prat. Il obtenait la moitié de dîme de vin et le paturage de deux bœufs en temps de vaine pâture en la rivière de Sailly… »3 . Acquisition de Sigy  par Philibert de la GUICHE, de Edme de Rochefort. Ce dernier entrer en possession de Sigy par échange avec la part de Edme à Luçay.

Il est qualifié de chevalier des ordres du roi dans l’accord qu’il passa avec son frère aîné Joachim le 7 avril 1586. Cet accord concernait le partage des seigneuries de leur père.
Il épousa par contrat le 13 novembre 1574 Catherine de La Rivière, fille de Jean et de Isabelle de Dinteville (« Titres de Nevers » par Michel de Marolles). 

Le 22 septembre 1579, Claude acquit la baronie de Réveillon (et le Mineray) qui était vendue par Nicolas Bolacre, écuyer, receveur pour le roi au grenier à sel de Clamecy pour 13 000 livres tournois. Dans le texte Claude est qualifié de comte de Luçay, baron de Nanvigne, seigneur de Sigy, Menestreau et Nérondes. Quelques années plutard, les officiers judiciaires d’Entrain, au nom de Louis de Gonzague, duc de Nivernais, mirent entraves à l’exercice de la justice de Reveillon, qu’ils s’attribuerent injustement. Le vendeur avait alliéné ses fiefs avec promesse de toutes garanties, il s’en suivit un procès. Il fallut recourir au duc de Nevers lui-même. Louis de Gonzagues, plus juste et loyal que ses serviteurs, ordonna une vérification des deux derniers dénombrements. Les droits du seigneur de Reveillon se trouvèrent clairement établis. Le duc lui confirma la possession de la justice moyenne et basse par une charte du 26 mars 1590 (Histoire d’Entrain sur Nohain, par l’Abbé Beaudiau).

Plan d’Entrain sur Nohain avec figure de Réveillon et du Mineray

On voit que la famille Rochefort est, à nouveau, contestée dans ses possessions. Mais nous avons vu aussi la fin heureuse ci-dessus.

Le dernier avatar viendra d’une sentence du baillage de Blois du 21 juillet 1606 portant mainlevée de la saisie de la terre et seigneurie de Luçay faite sur Claude, sentence rendue en conséquence de l’intervention d’Honorat de Beauvillier, comte de Saint Aignan, qui a « soustenu la mouvance » de la dite terre. Luçay faisait foi et hommage au seigneur de Saint Aignan

Claude II de Rochefort mourut avant 1609.De son mariage, le 13 novembre 1574, avec Catherine de La Rivière (contrat chez Julian, notaire à Luçay (ADI : A 0121), naquirent six enfants connus :

  • François qui suit.
  • Louise qui suivra.
  • Charlotte qui suivra.
  • Lucrèce-Madeleine qui suivra.
  • Claudine qui suivra.
  • Françoise qui suivra.

La maison de La Rivière

Chateau de Couloutre, terre originelle de la maison de La Rivière (situation actuelle).

On peut dire que cette famille est un exemple de réussite sociale. Son origine serait celle d’un serf annobli (wikipédia ??). Mais sa véritable histoire commence en 1358 quand les frères de la Rivière, Jean et Bureau, entrent au service du futur Charles V (fils du roi Jean le Bon et frère du duc de Bourgogne, Philippe le Hardi). En 1364, Jean sera nommé premier chambellan du roi et à sa mort à Famagouste en 1374 Bureau reprendra la charge. En 1373, Bureau refusera d’entrer au service du duc de Bourgogne car il se dit « l’homme du roi etseulement du roi ». Charles VI demandera à Bureau d’être son conseiller et chambellan et en deviendra ce qui fut appelé « un marmouset ». Ces personnages sont des conseillers (au nombre de 4), d’une qualité exceptionnelle et d’une extraction de petite noblesse. Lors de la folie de Charles VI, ses oncles reprennent le pouvoir en chassant et emprisonnant les « marmousets ». Bureau et Du Guesclin auront l’immense privilège d’être inhumés, selon la volonté de Charles VI, au pied du tombeau du roi. On peut voir ce tombeau, miraculeusement sauvé des agressions républicaines, dans l’Abbaye de Saint Denis (93).

Le centre géographique des La Rivière est principalement le château de Couloutre (58) et de nombreux domaines seigneuriaux dans la vallée du Nohain. En fait la quasi totalité des chateaux de cette vallée seront la propriété des La Rivière, ainsi : Suilly la Tour, Villiers, Ciez, Les Granges, etc… Cette famille avait comme suzerain les comtes puis ducs de Nevers où ils ocupèrent de nombreuses charges tant militaires que juridiques. Le mariage de Paule de La Rivière, dernière descendante directe, avec le duc de Choiseul-Praslin fera passé les biens chez les Choiseul. Ces derniers, à la suite des dégradations très importantes des réformés feront quelques réparations à Couloutre. Le vieux château sera rasé après la révolution pour laisser la place à celui que nous connaissons aujourd’hui et dont l’architecture n’est pas une grande réussite.

Jean de La Rivière, seigneur de La Rivière (Couloutre) et de Champlemy , père de Claudine fut lieutenant de Roi en Bresse, Bugey et Valromey, décèdera en 1568 à Paris. Il avait épousé Isabeau de Dinteville le 7/11/1533. Le partage des biens, de 1575, se trouve dans les « Titres de Nevers »  de Michel de Marolles.

Château de Champlemy (état récent)

Ses parents étaient François de La Rivière, conseiller et chambellan du comte de Nevers, et Madeleine de Savoisy, dame de Seignelay. C’est ici que l’on trouve la raison de diverses possessions de Claude de Rochefort à Seignelay. Charles de Savoisy, père de Madeleine, fut un compagnon de jeunesse de Charles VI. 

Les parents d’Isabeau de Dinteville étaient Antoine qui remplit de nombreuses ambassades pour le compte de François Ier et mourut à la bataille de Marignan en 1515, et Barbe de Sainte Maure, dame de Grignon et de l’Orme.

Les barons de la Rivière ont une généalogie sur laquelle tous les chercheurs ne sont pas d’accord (sans compter une famille homonyme en Normandie). Pour éviter tout débat nous n’avons recueilli que ce sur quoi nous avons des actes parus dans le livre de Michel de Marolles « Titres de Nevers » et les recherches de M. Etienne Patou (www.racineshistoire.free) et aussi un excellent site sur le Donziais : www.terres-et-seigneurs-en-donziais.fr

Armes de La Rivièrede sable à la bande d’argent.

Armes de la maison de la Rivière

Autres enfants de Claude II de Rochefort

Lucrèce Madeleine, Françoise et Charlotte de Rochefort

Lucrèce de Rochefort fût abbesse de l’abbaye de Rougemont (21) en Bourgogne. Ses sœurs (Charlotte sera aussi abbesse plus tard) furent religieuses dans la même abbaye. Le monastère jouira d’une réputation très étendue. Ses importantes aumones, son hospitalité proverbiale attirèrent de nombreux sujets. La vie succeda au silence des forêts et un gros bourg, qui se forma dans ces déserts, pris le nom de l’abbaye.

La décadence matérielle (il ne restait plus que 2 400 livres de liquidités) suivit de près la décadence morale.

Au début de 1645, une enquête faite par les prieurs de St. Germain d’Auxerre et de Moutiers St. Jean nous apprend que « madame l’abesse sous quelque apparence de piété vivait le plus licencieusement avec quelques-unes de ses religieuses et pour cet effet introduisait toutes sortes de personnes dans l’abbaye à qui elle faisait festin et donnait bal ; Elles donnaient les clefs de sa maison pour y entrer nuitamment et afin de n’être point vu, il y avait dans sa chambre une trappe au moyen de quoi l’on pût entrer sans être vu de personne… et lorsque ces hommes ne voulaient venir chez elle, elle allait les trouver… ». Lucrèce fut même accusée de disposer de livres pornographiques.

Sébastien Zamet, évèque de Langres, dût avoir recours à une « Commission du Roi » du 22 mai 1645 « … sera commise à deux archers des gardes de notre corps, ensuite ammenées (Lucrèce et Françoise) et conduites dans un carosse, avec le moins de bruit et scandale que faire se pourra, en notre ville de Paris, pour être enfermées au monastère des filles de la Madeleine (prison des Madelonnettes) ». Nous  passerons sur les nombreuses tribulations qui suivirent car Lucrèce et Françoise avaient de nombreux appuis à la cour d’Anne d’Autriche, régente durant la minorité de Louis XIV.

Ce ne fût qu’en 1673 que l’abbaye de Rougemont sera transférée à Dijon sous le nom de Dames de Saint Julien de Rougemont. Ainsi se termine la vie aventureuse de Lucrèce et Françoise de Rochefort. Ces évènements ne sont, sans doute, pas étrangers à la décadence future de la famille Rochefort.4.

Louise de Rochefort.

Louise se marie le 13 avril 1602 avec Jacques de MENOU, chevalier, fils de défunt Jean, par contrat chez Louis Lardier notaire à Luçay le Male et ratifié par Silvine LE BEGUE, femme de François, lui même frère de Louise, le 13 janvier 1605 (ADI : A 0127-archives du Méez)

Jacques est seigneur du Méez, de Pellevoisin et autres lieux en Berry, gentilhomme ordinaire de la chambre du roi (« Histoire généalogique deMenou » par de Barthelemy – BNF Gallica)

Etant veuf en 1618, il se remaria le 4 juin 1619 avec Charlotte de Grenaisie, fille de Claude seigneur du Plessis et de Chelles en Dunois.

Du premier lit sont nés 4 enfants :

  • Louis de Menou épousera Claude de Baraudin le 23/11/1636. Il fit avec ses sœurs un partage provisionnel de la succession de leur mère par acte du 26/12/1628 chez Daguyn en présence d’Edmond de Menou, leur oncle et d’Archambaud Chollet, leur cousin germain. (Ces Chollet sont-ils de celle qui se mariera avec Aimé Charles de Rochefort en 1689 ? On peut le supposer sans avoir les preuves !!!). 
  • Marie qui épousera en 1627, Charles de Graffart, chevalier, seigneur d’Ormoy.
  • Claude, religieuse au couvent de Notre Dame (de Tours ?).
  • Louise qui épousera en 1628, Henri de Caffardel, seigneur de Yermenonville (28).

Du second mariage naîtra Jacques mort au berceau.

Armes de Menou : de gueule à la bande d’or.

Armes de la famille de Menou

Claudine de Rochefort.

Claudine (ou Claude) porta les terres de Reveillon (58) et du Mineray (58) en mariage le 16 février 1608 à Antoine I du ROUX, écuyer, seigneur de Tachy (Chalmaison 77). Il était fils de Nicolas, chevalier, seigneur de Tachy et de Gaudigny, mort avant 1619, et de Françoise de Hangest. Antoine I avait eu 3 enfants : Gabriel, Antoine II et Madelaine. (« Histoire des pays de Gastinois, Senonois, … » de Guillaume Morin).

Antoine II, leur fils, fût maintenu sur preuves de ses titres de noblesse le 2 avril 1667.

Armes du Roux : D’azur à trois têtes de léopard, arrachées d’or, lampassé de gueules, posées deux et une.

  1. Archives de la Côte d’Or – E 2214 []
  2. notaire C. Poilleutrat à Dijon []
  3. Peincédé, B 10679, p. 420 []
  4. Voir Dom Plancher-Histoire de la Bourgogne-Page 432 et suivantes, qui raconte en détail les mésaventures de l’abbaye de Rougemont sans toutefois citer clairement Lucrèce de Rochefort []
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