6-Guillaume et Guy de Rochefort, chanceliers de France

La Charge de Chancelier de France

Guillaume et Guy de Rochefort qui vont suivre, ont été Chanceliers de France. Cette charge d’officier du royaume de France est des plus importantes dans l’ordre des prérogatives.

Depuis le début du XVè siècle, cette charge influente apporte à son détenteur une noblesse parfaite dès son entrée en activité. Au XVIè siècle c’est le deuxième office du royaume après celui de Connétable. A partir de 1627, date à laquelle ce dernier est supprimé, le chancelier devient la première charge.

Le développement du système monarchique necessite un juriste compétent pour assister le roi, de ce fait les chanceliers sont pour la grande majorité issus des universités et des cours souveraines.

Il est, en principe, inamovible et nommé à vie par le roi entre les mains duquel il prête serment.

Il dirige la chancellerie de France, instance royale où se scellent les édits, décrets, actes royaux et lettres patentes. Il reçoit les actes de « foi et hommage » pour les fiefs qui relèvent directement du roi. Il est aussi l’intermédiaire entre le roi et les cours souveraines, dans les lits de justice, etc…

Il dirige nombre de subordonnés. Il est chargé de tous les tribunaux civils et criminels français. Comme il scelle toutes les provisions d’office, il est maître de leur recrutement ce qui lui permet de construire un réseau de fidèles et de clients assez dense.  Si le roi est un grand voyageur, le chancelier le suit dans ses déplacements avec ses principales archives (comme louis XI par exemple). Relevons ce que dit, en 1577, l’ambassadeur vénitien Lippomano à la Cour de France  : « …le chancelier entre dans tous les conseils du roi, son avis est indispensable en toute délibération de quelque importance qui sans cela ne pourrait pas être mise en exécution. En sorte que si le chancelier est dans les bonnes graces du roi, on peut l’appeler son collègue. Comme toutes les expéditions passent par ses mains, tous les grands sont obligés de le ménager et de lui faire la cour… ».

Malgré cette réflexion, nous n’oublierons pas de préciser que nos chanceliers de Rochefort subirent beaucoup de vilenies de la part de ces « grands » qui estimaient leur noblesse pas assez haute. Ceci se traduisit, pour nos chanceliers et leurs descendants, par l’impossibilité de mettre en place une stratégie matrimoniale importante.

Voyons maintenant le parcours de Guillaume et celui de Guy de Rochefort, tous deux fils de Jacques et d’Agnès de Cléron.

Guillaume de Rochefort

Guillaume, un vrai comtois :

Guillaume va naître aux alentours de 1439 à Pluvault. Ce village est le lieu de résidence de la famille. En 1469, il réside à Rochefort1, l’acte nous dit qu’il a « environ 30 ans et licensié ès loix, homme fort et vite ».

Jacques de Rochefort et Agnès sa femme, vont surveiller de très près l’éducation  de leurs garçons. Guillaume (et Guy, son frère) va suivre les études de la faculté de droit de Dole dans le Jura (comté de Bourgogne). Il en sortira « licencié en lois et décrets », tel était le titre qui sanctionnait les études de droit en cette fin prochaine du Moyen-Age. Aujourd’hui nous dirions « docteur en droit ». Nous situons approximativement la période des études entre 1458 et 1460.

L’université de Dole est commune au duché et comté de Bourgogne. Elle sera créer par Philippe le Bon, duc et comte de Bourgogne en 1422. Elle va remporter un grand succès tant par les professeurs attachés que par les élèves. Plus tard, Dijon fera une crise de jalousie en réclamant la création d’une université. Il va s’ensuivre une série d’interventions avant que Dijon reçoive l’agrément (lettres patentes du roi). Dole finira par perdre son statut jusqu’à sa fermeture définitive.

Le 16/07/1465, Guillaume va participer à la Bataille de Montlhery avec Charles le Téméraire, duc de Bourgogne.2.

Guillaume à la Cour de Bourgogne.

Il va très vite accéder à la charge de Maître des Requêtes du duc. Guichenon dans son «Histoire de Bresse et Bugey» nous apprend que Guillaume va accompagner, en 1464, Guillaume de la Baume, chevalier et seigneur d’Irlains, conseiller et chambellan ordinaire de Charles le Téméraire, auprès de Sigismond d’Autriche. Le duc avait l’ambition de réunir le comté de Ferrette, le Landgraviat d’Alsace et  4 villes du Rhin au duché de Bourgogne. Cette négociation réussit et l’aliénation fut conclue en 1469.

Cette négociation bien menée va donner une grande notoriété professionnelle à Guillaume.

Le «Catalogue des actes de Charles le Téméraire» (ou le Guerrier), traduit de l’Allemand par Henri Stein, nous donne les ambassades sucessives de Guillaume :

     –   Le 15/09/1471, Charles octroie à son Chambellan Phillipe de Croy, à Guillaume de Rochefort, seigneur de Pluvault, à Pierre Bogaert archidiacre de Cambrai et à Pierre Vasque de Lucerne, des lettres de crédit pour leur voyage à Rome et ailleurs en Italie3.

Le 2/05/1472, Guillaume est nommé capitaine châtelain de la ville d’Orgelet (Jura). Il devient aussi Maître des requêtes du duc de Bourgogne.

Le 3 janvier 1473, Charles envoie Guillaume de Rochefort et Antoine de Monjeu à Venise pour négocier une alliance et en ramener des troupes et de l’argent pour ses guerres. Cette ambassade est un demi succès, il y aura alliance mais pas plus.

Le 15/12/1474, Charles commet son Conseiller Guillaume (qui est maintenant Conseiller du duc) pour aller traiter de sa part avec la duchesse de Savoie Yolande de France (sœur de Louis XI) et Galéa Sforza, duc de Milan. Charles promet de ratifier tout ce que son ambassadeur aura réglé et arrêté ((Mémoires de Commynes)). 

En 1480, se tiennent les Audiences générales du Comté de Neuchatel à Neuchatel (Suisse). Parmi les nombreux nobles qui y siégèrent on trouve Guillaume de Rochefort, Bailly de Vercel (fief du comte de Neuchatel, Philippe de Hochberg, dans le Doubs), Simon de Cléron, seigneur de Belmont, Jacques Haller de Courtelary, châtelain de Schlossberg4.

Guillaume, rompt avec Charles le Téméraire.

En octobre 1474, la guerre fut déclarée à Charles le Téméraire par les Suisses. On peut se demander si cette intervention des Suisses n’aurait pas été « suscitée » par Louis XI, ennemi fondamental de Charles. Grâce à l’argent distribué par les Maîtres des Requêtes Guillaume de Rochefort et Simon de Cléron (fils de Othenin), grâce aussi à l’influence de Rodolphe de Hochberg qui cherchait à épargner à la ville de Pontarlier les horreurs de la guerre, les Suisses pénétrèrent par Montbéliard et battirent les Bourguignons à Héricourt5

Le 13/08/1476, du fait de l’événement ci-dessus, Charles ordonne de procéder au bannissement de Guillaume. La coupe est pleine. Tous les biens de Guillaume sont mis sous séquestre.           . 

Les officiers du Duc sont inquiets de l’avenir. Il leur tarde de quitter un service toujours aventureux et si mal favorisé par la fortune (perte des batailles de Granson et de Morat sur les Suisses) ; mais plus grave encore, laissant apparaître une perte de sa raison et de ses capacités guerrières, passant sans cesse de la colère à l’engourdissement. Tout cela va conduire à la mort du duc sous les remparts de Nancy en 1477.

En 1477, Guillaume et Charles de Neuchâtel, évèque de Besançon, toujours au service de Marie de Bourgogne, fille unique du Téméraire, se rendent en Suisse pour obtenir une suspension d’armes et le rattachement du comté de Bourgogne à la Confédération. S’ils obtinrent satisfaction sur le premier point, le second fut un échec. Louis XI sut si formidablement tirer parti de ces désaccords, et son  or l’aidant, qu’il réussit à empêcher les Suisses d’intervenir.

En 1481, Maximilien d’Autriche, mari de Marie de Bourgogne, charge Guillaume de négocier une ligue contre la France, sans aucun résultat valable.

Guillaume a déjà été repéré par le roi de France, Louis XI, qui apprécie au plus haut point ses capacités d’habile négociateur et administrateur. Il passe donc au service du Roi de France avec de nombreux grands nobles de Bourgogne comme les La Trémoille, les Chalon et bien d’autres. Il n’est pas facile de savoir précisément quand Guillaume se rangera à la cause de Louis XI, peut-être en 1479, à la suite des négociations concernant le mariage du futur Charles VIII et de Marie de Bourgogne, fille unique du Téméraire. Mais soyons clairs, Guillaume ne reniera jamais le comté de Bourgogne car il le défendit courageusement pendant la guerre, notament dans l’installation du Parlement à Dole et devant les Etats Généraux de Tours.

Guillaume, Chancelier de France.

Louis XI va préparer Guillaume à la charge de chancelier. Ainsi par lettre du Plessis du Parc le 8/11/1480, Louis XI écrit à du Bouchage (Imbert de BATARNAY qui fût conseiller de 4 rois de France) : « Monsieur du Bouchage répondez à maître Guillaume de Rochefort que je n’enverais pas au duc d’Autriche (Maximilien de Habsbourg) le premier, ce n’est pas raisonnable… »

La nomination de Guillaume de Rochefort, Chevalier, seigneur de Pluvault, a l’office de Chancelier de France date du 12 mai 1482 par lettres de Louis XI données au Plessis les Tours. Il remplace Pierre Doriole que le roi dit en avoir déchargé. Les lettres ne sont vérifiées que le 8 aout 1482. Les documents sont à la Bibliothèque de L’Institut6. Au verso du document se fait la relation de sa prise de fonction devant le parlement de Paris et décrivant ses habits : bonnet, aussi appelé mortier, avec liseré en fil d’or et son « manteau à armigaux » (manteau avec des fentes au lieu des manches). 

En juillet 1483, le roi Louis XI fait donation des terres de Labergement les Auxonne à Guillaume de Rochefort7. On a vu précédamment que ces fiefs avaient été récupérés par Le Téméraire. Cette « donation » est enregistrée au Parlement en aout 1483 :

« Louis par la grace de Dieu roi de France, faisons savoir à tous présents et à venir que par concidération des grands, louables et recommandables services que notre amé et féal chancelier, Guillaume de Rochefort, chevalier, seigneur de Plouvost et de Longeau nous fait et continue à faire chaque jour dans les grandes affaires de notre royaume …. « 

Dans la foulée, Louis XI restitua à Guillaume la totalité des fiefs que le Téméraire avait saisi précédemmant à son père, Jacques de Rochefort.

Pour renforcer sa puissance, il va s’adjoindre les services de Guillaume de La Mare (1467/1525) qui était le secrétaire de Guillaume Briçonnet cardinal-Evêque de St Malo et frère de Robert, futur chancelier de France. Ces Briçonnet n’ont pas bonne réputation dans le royaume de France. Il semble que le cardinal et le Chancelier profiterent de leurs postes pour favoriser de façon outrancière, les membres de leur famille, qu’ils soient proches ou lointains. Leur fortune était considérable.

Louis XI décèda le 30 aout 1483 au château de Plessis-les-Tours. Le 2 septembre, des clercs vinrent chercher son corps et le transportèrent  en l’église St. Martin où eurent lieu des funérailles solennelles. Au même moment, l’agitation augmentait dans le pays. Guillaume, à Paris, craignant une insurrection, recommandait le calme aux membres du Parlement (BNF, portefeuille de Lancelot, N° 5 f°139). Mais la haute noblesse, brimée et affaiblie par feu Louis XI, contestait la régence d’Anne de Beaujeu et cherchait à reprendre les places occupées précédamment, avec le soutien du futur Louis XII aujourd’hui duc d’Orléans. Charles VIII, sur la recommandation de son père  mourant8 va confirmer l’office de chancelier de France à Guillaume par des lettres données à Amboise le 22 septembre 1483.

On peut souligner ici que le cœur du conseil du futur roi Charles VIII est formé en janvier 1485 par Pierre de Bourbon, sire de Beaujeu (mari d’Anne de Beaujeu), Guillaume de Rochefort, Guillaume Briçonnet èvèque de St. Malo. (En 1502 s’ajoutent, en plus du frère de Guillaume, Guy de Rochefort, Georges d’Amboise, évèque de Rouen, Louis d’Amboise, évèque d’Albi, Charles d’Amboise, sire de Chaumont, Pierre de Rohan, sire de Gié.)

Les Etats Généraux de Tours en 1484 s’ouvrent sous le règne de Charls VIII et en présence d’Anne de Beaujeu «régente», fille de Louis XI et femme de Pierre de Bourbon, seigneur de Beaujeu. Nous y voyons un rassemblement des 3 ordres, Tiers Etat, Clergé et Noblesse. Les 3 discours forment un moyen d’apréhender ce que J.F. Lassalmonie appellera un discours à 3 voix. Guillaume fera le discours d’ouverture (15 janvier) en confirmant la fidélité du peuple à son roi, Philippe Pot, grand sénéchal de Bourgogne, rappelera la notion de peuple et Jehan Masselin, chanoine du Chapitre de Rouen, appellera le vote des Etats pour la levée des impôts. On consultera avec profit sur Internet le site www.états généraux.com. Une série de décisions sont prises et acceptées par le Conseil qui oublia sa promesse ultérieurement.

Très impressionné par la qualité de la ville de Tours, il donne procuration au greffier du Parlement et à François Texier, secrétaire du Roi, pour que celui-ci vende à Guillaume de Rochefort, chancelier, une maison qu’il possède paroisse St. Etienne.9. Nous ne retrouverons pas la concrétisation de cette intention dans les biens de Guillaume. 

Il signe avec beaucoup d’autres puissants personnages, comme les ducs d’Orléans, futur Louis XII, et de Bourbon et le prince d’Orange, le contrat de mariage (6/12/1491) de Charles VIII avec Anne de Bretagne passé au château de Langeais près de Tours.

Guillaume de Rochefort, un père sans réelle descendance mâle.

La première épouse de Guillaume fut Guye de VURRY (ou WOURY), nous ignorons la date et le lieu de leur mariage. Ce couple va avoir comme enfants : 

  • Blaise de Rochefort. Nous ignorons tout de Blaise, sinon qu’il existe aux Archives de la Cote d’Or un exploit de décès des 25 et 26 novembre 1500. Il meurt vers l’âge de 14 ou 15 ans, probablement l’année qui suit le décès de son père Guillaume de Rochefort, mais ceci n’est que supposition. Nous n’avons qu’une certitude, Guy frère de Guillaume est nommé tuteur et va régler la succession de Blaise qui héritait des biens de son père. Une sombre histoire10 va ternir le deuil : les officiers dijonnais de Louis XII, en 1496, vont faire jouer « l’effet d’aubaine » qui veut que le roi devienne propriétaire des biens fonciers d’un individu mort sans héritiers. Nous supposons que ces officiers ont voulu « montrer des dents » en face de la maison de Rochefort. La haute position de Guillaume au royaume de France n’a pas laissé que des bons souvenirs aux Bourguignons et ceux-ci font « feu de tout bois » pour laisser paraître leur rancune. Guy de Rochefort, président du Parlement de Bourgogne et frère de Guillaume, va permettre de solutionner ce souci en sa faveur puisqu’il recueillera la totalité des biens de Guillaume et de Blaise. Une négociation aura lieu en 1511 entre Jean de Rochefort, fils de Guy, les sœurs de Blaise et la famille BOUTON.

Cette péripétie montre à quel point le raliement de certains nobles Bourguignons à Louis XI, laissait des traces chez les Bourguignons restés « au pays ». En 1497, Blaise benéficie des revenus de la seigneurie de Pontarlier (25). Il les tenait de son père Guillaume et de Philippe de Hochberg, ce dernier les ayant abandonnés gratuitement à Guillaume11.

  • Guy, mort au berceau.

–  Charlotte de Rochefort, morte en 1499, épousera en 1489, Charles BOUTON, seigneur du Fay et de Bosjan, 2è fils d’Aymard et d’Anne d’Oiselet (branche de la famille d’Andelot.). Charles se remariera en 1502.

  • Louise de Rochefort, épousera Antoine BOUTON, seigneur de Pierre en Bresse et de Moisenant, 3è fils d’Aymard. Il semble que son mari reçut une dot de 4 000 livres de la part du Chancelier. Elle lui permit d’acheter les baronnies de Vauvry (71) et de Dissey (commune de Mouthier –71). Il ne reste plus rien des maisons-fortes qui y étaient installées. (ADCO-B 10609)

La deuxième épouse de Guillaume sera Anne de LA TRIMOUILLE (alias La Trémoille) fille de Louis I, vicomte de Thouars, comte de Benon, de Sulli, de Vierzon et de Luçon et de Marguerite d’Amboise (fille de Louis et de Marie de Rieux). Le contrat de mariage est du 26/11/1474 et est présent dans les archives du Château de Thouars (Peincédé, Tome 26, p. 469). 

Ce mariage sera sans descendance. 

Elle était veuve de Louis d’Anjou, baron de Mezieres-en-Brenne (36) et de Ste Néomaye (36),  gouverneur et sénéchal du Maine, fils naturel de Charles d’Anjou, Comte du Maine. 

Anne reprit une troisième alliance en 1494 avec Jacques de Rochechouard, Chevalier, seigneur de Charost (36)12.

Guillaume décéda le 12 Aout 1492. Son corps fut inhumé dans le couvent des Célestins à Paris. C’est aujourd’hui la caserne des Gardes Républicains à cheval.

Il reste un dessin du cénotaphe de Guillaume de Rochefort au couvent des Célestins à Paris, que nous reproduisons ci-après. On y remarquera les armes Rochefort et le mélange des armes Rochefort et Vurry.

Le cénotaphe de Guillaume de Rochefort au couvent des Célestins

La maison de Vurry (ou Woury)

Le nom de cette maison a subi de nombreuses variations d’orthographe : Ivory, Ivoirie, Ivori, de Vurry, de Woury. L’abbé Chevalier dans son « Histoire de la ville dePoligny » nous informe que l’origine de cette famille est le Pièmont d’où le comte Othon de Bourgogne aurait fait appel à Ardicion d’Ivoirie, docteur et professeur en lois, pour en faire son secrétaire. Ce prince lui donna le fief de Saint Hilier proche de Dole. Passons sur les héritiers d’Ardicion pour arriver à Estevenin, trésorier de Dole, et Guillaume, chanoine. Jacques, fils d’Estevenin, sera aussi trésorier de la ville de Dole en 1414. Chevalier nous dit que Catherine Vurry, fille de Gérard, écuyer, fut la première femme de Guy de Rochefort mais nous n’avons pas trouvé d’actes en faisant preuve. 

Cette famille compte de nombreux licenciés en lois et décrets, ce qui justifie sa proximité avec Guillaume et Guy de Rochefort.

La famille s’éteignit à la fin du XVIè siècle, elle possédait à Dole (39) deux immeubles qui existent encore, l’un au 25 de la Grand Rue et l’autre au 6 de la rue de Besançon. Ces édifices sont concidérés comme les plus beaux de Dole.

Çi-contre le 25 de la Grand Rue à Dole

Nous avons noté d’autres Vurry :

  • Guiot de Vurry, receveur du baillage d’Aval (Comté de Bourgogne) en 1433
  • Jean de Vurry, receveur général de Bourgogne de 1473 à 1480

Armes :  D’azur à trois roues d’or.

Armes de la maison de Vurry

La maison de la Tremoille (ou La Trimouille).

Armes de la maison de La Trémoille

Cette famille est originaire du hameau de La Trimouille (près de Montmorillon (86)) aux confins de la Marche. A la suite de nombreuses alliances, elle se fixa en Touraine, en Berry et en Bourgogne. Guy de la Trémoille, époux de Marie de Sully sut obtenir de nombreuses donations du roi de France et du duc de Bourgogne avant de mourir en 1397 à Rhodes.

Notons que la tradition familiale avance que notre ancêtre François Louis « Lucas » de Rochefort-Luçay (1762/1825), étant plus que ruiné, trouva refuge à son retour de l’armée des Emigrés chez le duc de la Trémoille de l’époque (sans doute Charles Bretagne Marie, mort en 1839), ce dernier lui permettant de ne pas mourir de faim. Quelles fonctions François exerçait-il auprès de ce duc ?

Cette famille fut trois fois princière et duc de Thouars. Elle remplit de nombreuses charges tant à la cour de France que dans ses armées.

Georges de la Trémoille fut chambellan de Philippe le Bon, puis acquit des charges de Louis XI dont celle de gouverneur de Bourgogne

Alliances : Point n’est besoin de détailler les alliances des La Trémoille car tous les grands lignages français, et même étrangers, ont eu un membre de leur famille associé avec eux.

ARMES : d’or au chevron de gueules accompagné de 3 aiglettes d’azur becquées et membrées de gueules.

La maison BOUTON

On a vu plus haut que les deux filles de Guillaume avaient épousé chacune un frère Bouton.

Cette famille exerça des charges importantes tant en comté qu’en duché de Bourgogne. Ainsi en 1429 on trouve Jehan Bouton, Bailly de Dole (39). Charles Bouton représente la noblesse de Bourgogne aux Etats. 

Dans son testament de 1532, Charles Bouton ordonna que son corps soit conduit de Louhans au charnier du Fay, sur un char « à quoi l’on mène le fumier » (ADCO – G 944 à 950).

Cette famille par ses alliances exerca aussi la charge de Bailly de Dijon. Une branche , les Bouton de Chamilly, en la personne de Noël Bouton nommé Maréchal de France sous Louis XIV, s’éteignit dans ce maréchal mort sans héritiers.

ARMES De gueule à la face d’or.

Alliances : Plaine, Poitiers, Salins, Saint Mauris, Thiard de Bissy, etc…

Guy de Rochefort

Guy de Rochefort intervient aux Etats Généraux de Tours en 1506 (peinture dans la galerie de l’Histoire de France du château de Versailles).

Ce personnage est notre ancêtre direct. Il nait aux environs de 1431, certainement à  Pluvault, de huit ans moins agé que Guillaume. Comme pour Guillaume , Peincédé nous donne cette indication à l’occasion d’une montre d’armes de 1469 en le décrivant, lui aussi, « homme fort et vite », mais non encore « licensié en lois et décrets ».

Comme son frère Guillaume, Guy va étudier le droit à l’université de Dole. Il en sortira docteur en droit, après avoir servi dans les armées bourguignonnes et sera nommé conseiller au parlement de Bourgogne en février 1474 qui se tenait à Beaune ou à Saint Laurent les Chalon.
A la mort de Charles le Téméraire, il resta au service de Marie de Bourgogne et reçu en son nom le serment des villes d’Artois et des Etats de Flandre. Il fut un négociateur habile des trèves de 1480 et d’une mission en Angleterre en 1481. 

Passé au service de la France en 1482, il va être nommé le 14 mars 1488 Premier Président du Parlement de Bourgogne par Louis XI. 

Nous, Guy de Rochefort, chevalier, seigneur de l’Albergement, premier président Parlement de Bourgogne, confessent avoir eu et receu de Loys Sulier conseiller du Roy notre sire et receveur général de ses finances la somme de quinze cents livres tournois, avons ordonné par icelui seigneur pour notre pension et entretenement […] et en quittons led receveur général. En temoing de ce nous avons signé ces présentes de nostre main et fait scellé de notre sel le seizième jour de juin l’an mil cccc quatre vings et seize

Guy, chancelier de France.

Il est nommé par Charles VIII, fils de Louis XI, chancelier de France par lettres pattentes du 9 juillet 1497 données à Moulin (03). Il succède à Robert Briçonnet, chancelier de France, archevèque et duc de Reims.

Portrait de Guy de Rochefort

Guy va rédiger les articles de la Coutume et créer le « Grand Conseil » du roi composé du Chancelier, du Connétable, de 11 maitres des requêtes et de 17 conseillers. Ce Conseil va avoir le pas sur le Parlement de Paris et des autres provinces.  Il sera chargé de solutionner toutes les difficultés pouvant survenir entre le roi et son parlement, étant entendu que le roi a toujours raison. Il établira ainsi une force juridique aux décisions du roi. Divers auteurs disent que cette juridiction était d’exception. Ceci reste à prouver.

Guy, un lettré humaniste.

La bibliothèque personnelle de Guy était composée d’un grand nombre d’ouvrages, malheureusement nous n’avons pas retrouvé l’inventaire après décès.

Il fut un grand ami de Budé et de Gaguin. Budé relate dans ses écrits un portrait « moral » de Guy de Rochefort : « Il (Guy) était grave et austère, d’un caractère irascible, sujet à de brusques colères, mais ne gardait rancunes de paroles trop vives (ceci est un trait de caractère que nous retrouverons chez plusieurs de ses ascendants et descendants ). Il était assez avide pour renforcer la position de sa famille, mais personne ne s’est plaint de sa probité indéfectible. Il faisait preuve d’un esprit ouvert et pondéré, d’une mémoire remarquable et d’une grande puissance de travail. Toutes qualités qui le rendait apte à tenir sa haute fonction. Il était l’ami et le protecteur des lettrés de son temps… ».

Guy, une fortune foncière.

Nous avons, grace à Monsieur Philippe Henrion, bien connu pour ses travaux d’historien bourguignon, un relevé des fiefs de Guy de Rochefort : 

  • Pluvault (21),13, hérité de son frère Guillaume après les vicissitudes de l’héritage de Blaise de Rochefort, fils sans héritiers directs de Guillaume. Pluvault restera dans la famille jusqu‘en 1580 où il passera à Ponthus Boyer de Chanlecy.
  • Longeault (21). Ce fief est dans les actes depuis Jacques de Rochefort
  • Flagey les Auxonne (21).14.
  • Villers-Rotin (21).14.
  • Labergement les Auxonne (21) dont Guy est seigneur en 1474. Son père, Jacques de Rochefort, en fit hommage à Philippe le Bon le 17 septembre 1440. Louis XI en fait donation à Guillaume de Rochefort en juillet 1483 par lettres de Montils les Tours et registrées au Parlement en Aout 148315. Cette terre sera vendue à Jean de la Croix, seigneur de Villers les Pots (21) par Joachim de Rochefort, fils de Jean et petit fils de Guy, en 158516
  • Billey (21) ou Billy, près de Dole, acheté par Jacques en 1450. Racheté par Guy en 1505, puis échangé au roi Henri III contre ce qu’il possédait à Pluvault, par Joachim de Rochefort, arrière-petit fils de Guy, en 1583.
  • Cuiseaux (71), cédé le 13 mars 1489 par Jean de Châlon, Prince dOrange. Rachat par Philiberte de Luxembourg au nom de son fils Philibert à Jean de Rochefort, fils de Guy, le 25 juin 1511.
  • Rochefort sur Armançon, commune d’Asnières en Montagne (21). Aujourd’hui il n’y a plus que de belles ruines, remises en état par une association locale. Le déplacement vaut le voyage car la vision de ce château est un remarquable exemple d’architecture guerrière pré-renaissance.
  • Fontaines les Dijon (21). Partie de Fief dénombré par Marie Chambellan, femme de Guy (Archives de la Côte d’Or – B 10593) et où il possédait un péage qui sera donné à l’abbaye de Citeaux en paiement des services religieux pour le repos de son âme et de celle de Marie Chambellan.
  • Frolois (21). Jean de Pontailler, chevalier, seigneur de Talmay et de Chatillon en Bazois et fils de Guillemette de Vergy, lui vend cette seigneurie en octobre 1507 pour la somme de six mille livres tournois 17.  Cette somme sera augmentée de 1812 francs à la suite d’un procés-verbal d’estimation du 20 février 1522 et payés par Jean, fils vivant de Guy de Rochefort. Antoine de Rochefort, à sa mort en 1624, lègue ce lieu à sa nièce (fille de Anne de Rochefort), Edmée Françoise de Rochefort qui porte Frolois à son époux Nicolas de Brichanteau, marquis de Nangis (77).

Avec la seigneurie de Frolois, l’achat à Jean de Pontailler comprend : la Vault de Frolois(écrit Fresloys), les Moynes, l’hermitage de Vaubusin, Poisieux et La Perrière.

  • Vassy sous Pisy (89), acheté en 1506 à Ythier Daultry, chevalier, capitaine et gouverneur de Montlhéry (91), seigneur de La Brosse-Saint Mesmin (45). Antoine de Rochefort vendra ce lieu à François Estiennot (écuyer, maître d’hotel du roi) en 1607.
  • Concernant les fiefs de Heuilley (21) et de Montigny (21), aujourd’hui Montigny sur Armançon, M. Henrion pense qu’il y a des doutes quand à leur appartenance à Guy, malgré les assertions de Ernest Petit dans son livre « Inventaire des chartes  » dont en bonne logique il faut se méfier de la véracité.18
  • Lanthes et Le Meix (21), M. Henrion émet aussi des doutes. Mais si Jean de Rochefort, fils de Guy, fait foi et hommage de ces fiefs c’est peut-être qu’il les tient de Guy, héritier  de son neveu Blaise, fils de Guillaume de Rochefort. Une ferme et un étang, au XVIII siècle, sont mentionnés comme « de Pluvault ». Nous nous sommes rendus sur les lieux : l’étang n’existe plus aujourd’hui et la ferme est une « masure » bien petite !!!

Guy, une cible pour Maximilien d’Autriche.

Duchesne dans son « Histoire des chanceliers et gardes des sceaux de France » nous fait le récit suivant : « Maximilien, roi des Romains, indigné de ce que la possession du duché de Bourgogne était demeurée à Charles VIII par le traité de Senlis, méditait toujours quelques vengeances sur les habitants de cette province, en laquelle les Comtois firent diverses courses. Par la conduite du seigneur de Mutigni, nommé Hermant, bastard de la maison de Vaudrey, ils vinrent à Pluvault (Gollut dit Rouvre), où lors estait Guy de Rochefort, y faisant séjour pendant les vacations (du Parlement), comme en un lieu où il se plaisait le plus et où il avait fait bastir (non, car il s’agissait d’une maison forte ayant appartenu aux Cléron et modifiée bien après les Rochefort) le château que l’on voit encore à présent. Ils le prirent et l’emmenèrent à Monjay (Monjoie (25)-Montjai  ou Montueux (71)?) et de là en la saulnerie de Salins, d’où il se sauva après 7 mois de prison. » 

Nous avons des doutes sur cette relation, il pourrait y avoir confusion avec les Rochefort de Bourgogne.

Guy, une famille réduite.

Il décède le 15 janvier 1508 dans l’exercice de ses fonctions de Chancelier de France

On connaît la date approximative de mariage de Guy avec Marie Chambellan : 1485. Marie est la fille de Henri, gouverneur de la monnaie de Bourgogne et Vicomte Mayeur de la ville de Dijon, et de Alix Berbisey. 

Marie sera préceptrice de Claude de France, future épouse de François I et fille du roi Charles VIII. Il se pourrait19 que Marie est eu un premier mari, un dénommé Gros !!! Les Chambellan disposaient d’un magnifique hotel particulier à Dijon au 36 rue des Forges, qui existe encore de nos jours.

Guy et Marie seront inhumés en l’Abbaye de Citeaux (21) dans un tombeau en marbre blanc et noir à leur effigie et dont nous reproduisons le dessin de la collection Gaignères. Bien sûr, les dévastations de la Révolution de 1789 ne permettent plus la vision réelle de ce tombeau.

         Marie et Guy auront :

  • Jean de Rochefort. Qui suit.
  • Charlotte de Rochefort qui épousera Jean II de Castelnau-Caylus (d’après le père Anselme « Genealogie des officiers de la Couronne de France »), ceci sous toute réserve. 
  • Gabrielle de Rochefort qui épousera Léonard, baron de Saint Julien, le 13 juillet 1517 (LaThaumassière,Histoire du Berry, livre XI, p. 250). Léonard était le fils de Louis de SAINT JULIEN, seigneur de la Rochette (23) et de Beauregard et de Marguerite de PIERRE-BUFFIERES.
    Ce couple aura deux enfants connus : Pierre et Jean. Nous n’avons retrouvé aucun document d’archive sur ces individus.
  • Louis, mort très jeune. Nous n’en avons pas retrouvé la trace. N’y aurait-il pas confusion avec les Rochefort de Bourgogne ?

Le père Anselme indique une autre épouse de Guy de Rochefort comme étant Catherine Vurry (alias Woury), dame de Foucherans (39) dont aucune trace n’a été retrouvée ni dans les archives, ni ailleurs. Les généalogistes nous ont appris à nous meffier d’assertions non vérifiées ou non vérifiables.

Armes de Guy de Rochefort

LA MAISON CHAMBELLAN

Cette famille, d’origine « drapière », est très importante à Dijon avant et au temps de Guy de Rochefort. L’hypothèse du premier connu est Guillaume, conseiller du duc de Bourgogne et mayeur de Dijon en 1352. 

Henri Chambellan, père de Marie, est drapier à Dijon, mais il sera aussi vicomte-mayeur en 1490 (maire élu) de la ville, approvisionneur de sel en1462 de 4 greniers de Bourgogne, conseiller de la chambre des comptes du duché de Bourgogne (26/05/1500) et Maître-Général de la monnaie de Bourgogne (encore en exercice en 1497). Il avait épousé vers 1460 Alix Berbisey, elle aussi d’une famille de riches commerçants dijonnais. Henri sera annobli en 1491 (de Chambellan), il meurt en 1505 à Dijon.20. Le couple Henri/Alix aura 5 enfants :

  • Marie, mariée à Guy de Rochefort.
  • Antoine, abbé de St.Etienne de Dijon
  • Guillaume, conseiller au Parlement de Bourgogne
  • Marguerite, mariée à Claude Pillot, chevalier, seigneur de Vaire (25) et Chenecey (25), trésorier général de Bourgogne
  • Isabelle, mariée à Guy Gauthiot, chevalier, seigneur d’Ancier (Gray 70) et co-gouverneur de Besançon.
Armes de la famille Berbisey

Un petit fils d’Henri, Guillaume de Chambellan, seigneur d’Oisilly, épousera vers 1525 Suzanne Rolin, descendante du chancelier du même nom.

Armes :D’azur à 2 pattes de griffon d’or en chef et en pointe une tête de léopard arrachée de même, lampassée de gueules.

Armes de la maison Chambellan

Etiennette de Rochefort

Etiennette est la sœur de Guy et de Guillaume de Rochefort. Elle fut Abbesse de l’Abbaye de Molaise de 1442 à 1459 (Gallia Christiana). Les armes des Rochefort figuraient sur un vitrail de l’abbaye (collection Gaignères). 

Aujourd’hui Il ne reste rien de l’abbaye de Molaise. En 1636 elle fut pillée et en partie brulée, malgré les efforts des abbesses pour la reconstruire. Quelques membres de la famille Bouton ont aussi été abbesses de Molaise.

Tombeau d’Etiennette de Rochefort
  1. Archives de la Côte-d’Or B 11721 bis []
  2. Selon les Mémoires de Philippe de Comynes []
  3. Archives de la maison de Croy, liasse 21 []
  4. « Annales Historiques du Comté de Neuchatel » par Jonas Boyve []
  5. Voir Louys Gollut/Duvernoy, Histoire des Séquanes, col. 1289 n. 2 et 3 []
  6. Ms. Godfroy 464 fol.5 à 9 []
  7. Arch. natN-X 1 A / 8608 []
  8. BNF ; Mss français N°15538 fr []
  9. Archives d’Indre-et-Loire-3 E 1 []
  10. Archives de la Côte-d’Or B 458 et B 11415  et Archives du Doubs 7 E 1281 []
  11. Voir J. Gauthier dans « Doc. f-c. des arch. de Neuchatel », ch. XIII []
  12. Compte- rendu des travaux de la Société Hist.du Dept. de l’Indre. 1860/1861 []
  13. aussi écrit Plouvost []
  14. Idem Longeault [] []
  15. AN X1A/8608 f°208 []
  16. Archives de la Côte d’Or – E 692 bis []
  17. Notaire J. Croppet à Macon, Archives de la Côte d’Or – E 693 []
  18. Voir les Mémoires de la Société  Bourguignonne de Géo. Et d’Histoire. 1885. Tome 2. N° 81 et 264 []
  19. D’apres Peincédé (Vol. 19/p 532 []
  20. sources : « L’hôtel Chambellan »-E. FYOT-1925 et Courtépée tome II []
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