Jean de Rochefort est l’unique fils vivant de Guy. Il fait partie de nos ancêtres directs et a vécu sous les règnes de Charles VIII, Louis XII et François Ier.
Le 8 février 1507 (calendrier Julien), Jean présente une reprise de certains fiefs provenant de son héritage1 : les seigneuries de Pluvault, Fontaine les Dijon, Labergement-les-Auxonne, Billy, Villers-Rotain au baillage de Dijon – Frolois, au baillage de la Montagne – Vassy, au baillage de l’Auxois (Vassy-sous-Pisy aujourd’hui ?). Il porte le titre d’écuyer.
Mais il semble que dans l’héritage de Guy, un nombre plus important de seigneuries devraient y figurer. Que s’est il passé ? En l’absence de tout documents fiables, nous ne pouvons le dire. Qu’est devenu le fief de Rochefort sur Armançon acheté par Guy ? Il figurera dans les seigneuries de Réné de Rochefort, un des fils de Jean. Nos maigres connaissances ne nous permettent pas d’avoir une position tranchée sur ce sujet.
Par lettres patentes du 15 avril 1507 les charges de Jean sont : écuyer tranchant et échanson ordinaire du roi Louis XII.
Au moment du siège de Dijon par les Suisses en 1513, Jean est Bailly de Dijon, titre qu’il conservera sa vie durant.
Relatons les évènements de ce temps :
Les Suisses ont été soudoyés par les Habsbourg de l’époque pour infliger des désastres à la France suite à la dépossession du duché de Bourgogne par Louis XI de Maximilien époux de Marie de Bourgogne fille unique du Téméraire.
Pour le duché de Bourgogne, Georges de la Trémoille en est le gouverneur pour le Roi. Le 13 septembre 1513, La Trémoille s’entend avec les Suisses qui assiègent Dijon pour leur payer une rançon de 200 000 écus (Jean Sapin est le receveur général de Bourgogne). Les Suisses demandent 25 000 livres pour lever le siège et exigent, pour garantir le solde, d’emmener en otages des personnalités de Dijon. Après discussion plusieurs notables se proposèrent, parmi lesquels se trouve Jean de Rochefort. Ce dernier resta 16 mois en otage et comme le roi tardait à payer la rançon , il dût de « sa poche » payer 6 000 écus afin de revenir dans son foyer. La Diète Suisse l’avait même condamné à avoir la tête tranchée, mais la sentence ne fût pas éxécutée.
En tant que Bailly, Jean avait des gages de 105 livres annuelles2. Jean avait aussi la charge de gouverneur de la chancellerie du Parlement de Bourgogne aux gages de 200 livres annuelles (B 4554). Cette dernière charge sera exercée à parir de 1531 par Noble Jacques Moisson3.
Jean de Rochefort épousa par contrat du 1er juillet 1518 à Blois, Antoinette de Chateauneuf, Dame de Gargilesse et de Luçay, fille unique d’Antoine et d’Anne de Menou, par devant maître Galoppe notaire à Blois. Cet acte est ratifié le 21 juillet 1518.
Antoine de Chateauneuf dota sa fille des seigneuries de Luçay le Mâle et Chavin (Chavaing dans l’acte) au département de l’Indre (province du Berry). Ainsi apparaît pour la première fois les possessions des Rochefort, en Berry. Luçay sera vendu par François de Rochefort en 1728 à Antoine (de) Chaumont de la Millière.
Château de Luçay (photo récente)
Le 2 janvier 1525, Jean de Rochefort fait foi et hommage au Baron de Chateauroux de la terre de Gargilesse4.
Jean de Rochefort était co-seigneur de la seigneurie de Thémines (42), mouvant du duché de Guyenne. Cet acte est du 9 juin 1529 : déclaration de foi et hommage5. Nous ne savons pas quelle raison a ammené Jean dans cette possession. Une hypothèse : ce fief a appartenu dans le passé à la famille de Castelnau qui fût alliée aux Rochefort, serait-il passé par héritage ?
Lors du décès de Jean, le roi François Ier voyant la détresse d’Antoinette, va recommander par « lettres royaux » du 29 mars 1544 à François Régnier, lieutenant général pour le roi à Issoudun, de faire le terrier de Gargilesse. Ce dernier sera dressé par les notaires d’Argenton-sur-Creuse : Chabenat et Plassat6. Antoinette vivait encore en 15727.
Le couple aura quatre enfants :
- Claude de Rochefort qui suit.
- Jean de Rochefort, baron de Pluvault, seigneur de Luçay, ne laissa qu’un descendant dont nous ne savons rien, probablement mort en bas âge , René de Rochefort, de son mariage avec Madeleine du Puy (de Vatan), fille de Vincent du Puy, seigneur de Vatan et échanson du roi, et de Jeanne du Moulin8
- René de Rochefort : Seigneur de la Croisette (36), de Mareuil sur Arnon (36-Acheté en 1565 à Jean de DAMAS-Peincédé), de Rochefort sur Armançon (21) et Baron de Frolois (21). Il était gouverneur du Blésois9, aux baillages d’Amboise, de Loudun et Dunois10. Chevalier des ordres du roi. Gentilhomme de la chambre du roi. Capitaine de 50 hommes d’armes et de ses ordonnances. Enseigne de la compagnie du duc d’Anjou (Henri II) puis conseiller et chambellan de ce duc. En 1567 il est gouverneur d’Auxerre11. En 1574 il est capitaine des gendarmes du duc d’Anjou (futur Henri III). En 1577 il est reçu chevalier de Malte au titre du prieuré de Champagne. Le 31/12/1583 il est reçu chevalier du Saint Esprit
René se marie le 20/12/1551 avec Jeanne HURAULT fille de Jean, maitre des requêtes-Commis du sceau des Grands-Jours d’Angers, seigneur de Veuil (36) et du Marais (91) et de Jeanne RAGUIER.
On lira avec profit l’ouvrage de M. L. Cartier de Saint René intitulé « Histoire de la seigneurie de Mareuil ».
Du couple René de Rochefort/Jeanne Hurault sont sortis cinq enfants connus :
- Jean de Rochefort, décédé vers 1604, marié le 21/09/1582 à Tonnerre (89) à Anne de SAUTOUR, sans descendance connue. A l’ocasion de ce mariage, René donne à Jean les fiefs (dans le 89) de Rochefort sur Armançon, Rougemont, Cry, Aisy, Perrigny et toutes les terres mouvantes de ces villages mais l‘usufruit reste à Jeanne Hurault. Anne se remariera avec un CHOISEUL, seigneur de Francières.
- Anne (masculin) de Rochefort, décédé vers 1607, marié avec Charlotte de SAUTOUR (sœur d’Anne). Ils auront deux filles : 1) Françoise Aimée, demoiselle de la Croisette, mariée en 1612 avec Nicolas de BRICHANTEAU, marquis de Nangis, fils d’Antoine et d’Antoinette de LA ROCHEFOUCAULD. L.J.N. de Monmerqué a édité ses « Mémoires » dans lesquelles il nous explique avoir fait un véritable mariage d’amour, assez rare à l’époque pour que nous en rappelions les faits.. 2) Madelaine Renée mariée en 1607 à Charles de BROUILLY, marquis de Piennes (80), comte de Lannoy et seigneur de Mesvillers (80), Gouverneur du Chatelet de Paris fils de François et de Louise de HALLUYN. C’est par ce couple que la branche de Luçay sera allièe à celle de La Croisette , donc un double cousinage. Mais les biens de Madeleine Renée ne rejoindront pas ceux des Luçay
- Anne Madeleine de Rochefort, vicomtesse de Buffon, se marie par contrat des notaires du Chatelet le 3/07/1577 avec Martin d’ESPINAY (des Hayes), baron de Boisguéroult, comte de Rosendal en Flandres, seigneur des Hayes, des Vieux, Trubleville, St. Paer, Monthiart et du Leau, Chevalier des ordres du roi, capitaine de 50 hommes d’armes, bailli de Gisors, gouverneur de Louviers et lieutenant de roi en Bourgogne. On raconte qu’elle apporta 40 000 livres de dot ?
- Antoine de Rochefort, baron de Frolois (21)), seigneur de Vassy (21) épousera vers l’an 1623, Anne de SALINS (branche LA TOUR), dame de Corraboeuf (71). Sans descendance connue. (Voir Peincédé). Le « Journal de Breugnot », page 378, dit qu’il est tué à Saulx-le Duc (21) par la garnison en venant voir le duc du Maine (frère du duc de Guise). pour une affaire « d’amour » ???
- Réné de Rochefort, chevalier de Malte. Le « Martyrologue des chevaliers de Malte » nous indique qu’il est décédé en 1570, victime des Huguenots. Nous ne savons rien de lui.
4. Charlotte de Rochefort (dcd apres 1556) qui épousera le 12/09/1538 Aymar (ou Edme) de PRIE, baron de Toucy et Montpoupon, gouverneur de Touraine.
MAISON DE CHATEAUNEUF
Armes : « D’or à l’étoile de 8 rais de gueules » (armes de Chateauneuf en Thimeraye ??) ou « de gueules à 3 tours d’or » (martyrologe des chevaliers de Jérusalem). Rien ne nous dit la vérité sur ces armes.
Nous n’avons pas trouvé la véritable origine de la seigneurie des Chateauneuf. Est-ce Chateauneuf sur Loire, Chateauneuf en Bourgogne, Chateauneuf sur Cher ou une autre des nombreux Chateauneuf en France ? A ce jour, nous ne savons rien.
On trouvera en annexe, et en partie, la généalogie Chateauneuf donnée par le Chanoine Hubert, historien bien connu du Berry et principalement du département de l’Indre12.
La seigneurie de Gargilesse fut un fief de la famille de Naillac depuis le 11è siècle et passe ensuite à Jean V de Prie, Grand Pannetier de France, par la donation faite à lui par son cousin Pierre de Naillac en 1389.
Les Chateauneuf en sont propriétaires par le mariage de Jean III de Chateauneuf avec Ysabeau de Prie, fille de Jean, en 1427. Plusieurs alliances entre les de Prie et les de Menou avec les Rochefort seront rapportées ultérieurement (voir « Histoire de la maison de Menou » par A.F. Borel d’Hauterive sur gallica .fr).
C’est Charlotte de Rochefort, fille d’Imbert de Rochefort, petit fils d’Antoinette de Chateauneuf, qui vendra Gargilesse en 1626 à Charles du Breuil du Bost.
Les Chateauneuf possedaient aussi la seigneurie de Luçay le Mâle. Plusieurs aveux des 3 juillet 1385, 20 octobre 1395 et 15 juillet 1402 faits par Jean de Chateauneuf et 31 aout 1484 par Antoine de Chateauneuf, fils de Jean, au comte de Saint-Aignan (Louis de Chalon, comte d’Auxerre et de Tonnerre), concernent la seigneurie de Luçay. On retrouve ici les liens entre les Chalons et les Rochefort.
En 1484 Antoine fait aussi aveu de Vic sur Nahon (36) et de Balzème (commune de Baudres-36). Ce document met en valeur la seigneurie de Vic que l’on retrouvera aux mains de François de Rochefort au début du XVIIè siècle.
Nous donnons en annexe le texte résumé de l’aveu de 1395, qui détaille les biens attachés à Luçay. Il s’agit d’un document important car nous sommes, à cette date, sous le règne de Charles VI et en pleine guerre de Cent Ans13.
Luçay le Male faisait partie, entre autres, de la dot d’Antoinette et restera dans la famille de Rochefort jusqu’en 1740, soit environ 222 ans (voir en annexe l’histoire résumée et les seigneurs de Luçay-le-Mâle).
Lors des « guerres » entre Louis XI et son frère Charles, duc de Berry, ce dernier trouva dans la noblesse de cette province de solides attaches. Nous n’en voulons pour preuve que la position d’Antoine de Chateauneuf, père d’Antoinette, maitre d’hotel, conseiller et chambellan du duc. « Il (Antoine) passe pour avoir été blessé mortellement dans une tentative de la garnison de Bourges contre Chateauneuf-sur-Cher, selon une lettre de Louis XI écrite à Culan le 8/07/1465. Cet assaut avait eu lieu le samedi précédent soit le 6 juillet et se serait soldé par 8 tués et 120 blessés du côté des assaillants. Toutefois Antoine survécut à ses blessures : il est mentionné avec le seigneur de Vouillon (Guillaume de Sully) le 19 septembre, dans un banquet donné en l’honneur des capitaines royaux de Mehun-sur-Yèvre……. » ((Révolte des nobles du Berry par Olivier Bouzy-Google Books))
- Archives de la Côte d’Or – B 10593 [↩]
- Archives de la Côte d’Or – B 4554 [↩]
- Archives de la Côte d’Or – B 1840 [↩]
- Archives de l’Indre – C 767 [↩]
- A.N. ; P 556/1, f°731 [↩]
- lettres royaux et acte du 15 mars 1545, détenus par le curé de Gargilesse, M. Imhoff [↩]
- Dénombrement du 17/02/1572 aux archives de l’Indre [↩]
- Archives privées du château du Moulin Loiret [↩]
- archives de Joursanvault N°3055 et journal de l’Etoile [↩]
- BNF,ms.fr. 26268, N°2078 [↩]
- Archives de l’Yonnne-DD1 [↩]
- « Les origines de Gargilesse » – 1975 – Edition du Conseil Municipal de Gargilesse [↩]
- Archives de l’Indre-PR 327 « Luçay d’hier et d’aujourd’hui » par l’Abbé Bourderoux [↩]