Jacques de Rochefort nait aux environs de 1408. Charles VI est roi de France et Jean-sans-peur, duc et comte de Bourgogne.
Durant sa minorité Jacques aura un curateur, André de Roche. Il est aussi qualifié de « nepveu et seul héritier pour le tout de feu Guiot de Rochefort son oncle… »((Archives de la Côte d’Or- B 11886)).
Il épousera Agnès de Cléron, dame de Pluvault et Longeau en 1422. Cela peut paraître bizarre de se marier à 14 ans, mais dans ces temps anciens le mariage ne voulait pas dire qu’il y avait consommation le même jour. Aussi Jacques devra attendre quelques semaines avant de mettre Agnès dans son lit ! Elle est la fille d’Othenin de Cléron et d’Antoinette (ou Henriette) Bourgeois, dame de Chalezeule.
On trouve Jacques, et son frère Jean, dans la compagnie de Guillaume de Champdivers qui comprend plus de 200 écuyers. Il est au service du Duc dans les compagnies passées en revue à Beauvais le 30 aout 1417.1.
La Bourgogne est envahie en 1436 par des compagnies armées qui semment la terreur dans les campagnes. On les nomme les Ecorcheurs, mot qui veut bien dire quels supplices attendaient nos pauvres paysans. Le duc de Bourgogne apprend que des nobles de ses terres donnent asile a ces gens sans foi ni loi. On est étonné en lisant cette enquête de voir les plus grands noms de Bourgogne au nombre des traitres. Il ordonne en juillet 1438 d’effectuer une enquête sur ces disfonctionnements graves. Jacques de Rochefort, Simon Torsan, Guillaume d’Amange, Jean de Neuchatel et quelques autres, tous écuyers, vont faire une déposition sur ce qu’ils ont vu et entendu. A cette date Jacques est chatelain (gouverneur du château) d’Argilly, propriété du duc de Bourgogne.2.
Agnès de Cléron va amener en dot au mariage, les terres de Pluvault et Longeau.
En 1443, Jacques, Ecuyer, constitue au profit du curé et des familiers de Rochefort 3 sols de cens assignés sur un journal de terre appelé « le champt à Motailler, sur la semée de 3 mesures, en Burnier » et le 23/12/1446 il cédait aux curés et chapelains une soiture de pré « seant es prel de Chastenoy, lieu dit la corne au bastart » au lieu de 15 sols estevenants de cens qu’il leur devait pour sa part de 60 sols donnés à l’église de Rochefort par GUIOT de Rochefort, écuyer, comme prix de la fondation de 4 anniversaires3.
On constate ainsi que Jacques détenait plusieurs fonds dans la ville de Rochefort jusqu’en 1453.
Un aveu de foi et hommage de la seigneurie de L’Abergement les Auxonne est fait par Jacques en 1446 (Archives de la Côte d’Or B 10373).
Un dénombrement du 17/12/1450 nous apprend quels étaient les biens de Jacques dans le comté d’Auxonne : Dîmes de vin et de graines à Flagey, Pierre de Bignan tenait un fief de lui à Billy, idem pour Huguenin de la Bute et à Labergement les Auxonne «une motte avec une maison close de fossés« ((Archives de la Côte d’Or B 10375)).
Dans un aveu de foi et hommage rendu au duc en 1454, Jacques va laisser passer
une rature. Cet incident est formellement interdit par les coutumes du temps. Les officiers du duc vont aussitôt désaisir Jacques de tous ses biens fonciers à l’exception de quelques biens qui serviront de douaire à Agnès4.
Les héritiers de Jacques ne retrouveront les biens de leur père qu’en mars 1467.
La confiscation des biens de Jacques, par le duc de Bourgogne, est aussi consignée dans le manuscrit N°7005 de la Bibliothèque de l’Arsenal à Paris.
Jacques de Rochefort décède vers 1458.
Jacques et Agnès auront 5 enfants vivants :
- Guillaume, qui suivra,
- Guy, qui suivra et dont nous sommes les descendants.
- Etiennette, Abbesse de Molaise entre 1442 et 1459 (décès) dont les armes étaient sur un vitrail de l’abbaye dont il ne reste rien, pas même un mur, aujourd’hui (Le clergé de France, GOOGLE BOOKS).
- Jeanne, qui épousera Albert de Rougemont, seigneur de Pierrelas en Buggey (erreur dans le nobiliaire La Chesnay-Desbois). Ils auront une fille connue, Françoise, mariée avec Guillaume de Thélis, seigneur des Forges et de Cornillon en 1519 (Sté d’émulation de l’Allier – Vol. 1868) Armes Rougemont : D’or à l’aigle déployé de gueule, membré, becqué, et couronné d’azur.
- Louise, qui épousera Simon de Courtelary (ou Cortelery), seigneur d’Audevil (?) (nobiliaire La Chesnay-Desbois). Les Courtelary seraient Suisses aujourd’hui, mais à l’époque ils détenaient un fief dans le comté de Neuchatel (diocèse de Bâle) rataché au comté de Bourgogne. Un Jean « Campanet » de Courtelary, fils d’Etienne,avait épousé Jeanne de Vautravers, fille de Jean. Armes Courtelary : De gueule à la bande d’or chargée de 3 feuilles de lierre de gueule.
La maison de Cléron.
Cette famille tient son nom d’un village situé dans la vallée moyenne de la Loue, au département du Doubs. Un château du XIVè siècle se dresse fièrement sur un promontoire que baigne en partie la Loue. Il a subi de nombreuses restaurations au XIXè siècle mais conserve son aspect moyen-âgeux.
Il aurait été convoité par Jean de Chalon l’Antique pour, comme Château –Rouillaud et d’autres, servir à la défense de Salins et de la route du sel. Mais c’est le Comte de Bourgogne de l’époque qui s’attribua ce fief.
La famille de Cléron est connue depuis la deuxième croisade en 1148 par les chevalier Pierre, Adonat et Guy de Cléron. Les Cléron demeurèrent seigneurs de Cléron jusqu’à la fin du XVIIè siècle. Comme les Rochefort, les Cléron s’attachèrent à la cour de France puisque Simon de Cléron devint chambellan de Charles VIII.
Les Cléron, par le mariage d’Othenin III avec Marie de Saigny, dame de Saffres (en Bourgogne) créent la branche des barons de Saffres.
Notons aussi que les Cléron sont alliés à la famille de Saint Bernard (de Fontaines les Dijon) par alliance avec la famille de Marey. L’abbé Chomton a réalisé une étude très approfondie sur les liens de parentées et l’histoire du château de Fontaines qui avait vu la naissance de Saint Bernard. On se reportera à cet ouvrage pour en apprécier le travail5. Les Cléron ont toujours soutenu que leur héritage le plus important était cette alliance à St. Bernard.
On trouvera sur internet ((www.osmtj-osmthu.it/site/bernardus)) une étude très documentée sur saint Bernard et les familles associées. Gui de Rochefort sera propriétaire en partie de la seigneurie de Fontaines les Dijon par sa femme, Marie Chambellan en 1502.
Aujourd’hui, la maison de Cléron est fondue dans la maison d’Haussonville (de Lorraine) qui porte le nom de Cléron-d’Haussonville. Elle a toujours tenu de très hautes fonctions dans l’Etat.
On trouve dans « les Testaments de l’Officialité de Besançon » le testament (N°46) d’Othon de Cléron, fils de Jean, daté du 24/04/1338 et dans lequel sont cités son frère Girard et ses sœurs, Alix et Clémence.
Armes : De gueule à la croix d’argent cantonnée de quatre croisettes fleuronnées de même.
La famille de Cléron a formé des alliancs dans presque toute la noblesse franc-comtoise, bourguignonne et lorraine. Les derniers seigneurs du château, encore aujourd’hui, sont des descendants de la famille de Montrichard.